Immigration ouest africaine au Sénégal : enjeux , réalités et discours au coeur de deux journées d’etude
L’Institut fondamental d’Afrique noire Cheikh Anta Diop (IFAN) a accueilli, les 17 et 18 juin 2025, deux journées d’étude consacrées à l’immigration ouest-africaine au Sénégal. Organisées en collaboration avec l’Institut de Recherche pour le Développement (IRD), cet événement scientifique a réuni des chercheurs issus de disciplines variées : droit, science politique, sociologie, histoire, géographie ou encore anthropologie . L’objectif est de questionner en profondeur les dynamiques migratoires dans l’espace ouest-africain.
Sous le thème « Immigration ouest-africaine au Sénégal : réalités, perceptions et discours », les débats ont exploré les multiples facettes de cette question complexe : statuts juridiques des étrangers, dispositifs nationaux d’accueil et d’intégration, représentations sociales, discours politiques, mais aussi expériences vécues par les migrants.
Les discussions ont mis en lumière des réalités souvent méconnues. Delphine Perrin, chercheure à l’IRD, a notamment rappelé que plus de 80% des étrangers vivant au Sénégal sont originaires d’autres pays africains, avec une forte présence de Guinéens (40%), suivis des Maliens et Nigériens.
Différentes formes de migration ont été analysées à travers des études de cas :
– La migration de mendicité des Nigériens à Dakar, avec ses implications sociales et institutionnelles.
– La migration halieutique à Saint-Louis, pensée comme un « filet symbolique » qui relie les communautés de pêcheurs au-delà des frontières.
– Les mobilités minières au sud-est du pays, qui reconfigurent localement les figures de l’étranger et peuvent cristalliser des tensions identitaires.
Moment fort de ces journées, la table ronde organisée par le collectif POMAF (Politiques Migratoires Africaines) a porté sur « L’avenir de l’espace de libre circulation et de libre résidence de la CEDEAO», à l’heure où le Burkina Faso, le Mali et le Niger ont annoncé leur retrait de l’organisation.Cette séquence a été l’occasion de réfléchir au rôle que pourrait jouer le Sénégal, membre historique de la CEDEAO, dans une configuration régionale en pleine mutation. Les intervenants ont interrogé les articulations possibles entre la CEDEAO et l’Alliance des États du Sahel (AES), ainsi que les perspectives de gouvernance migratoire dans un contexte continental tendu. Parmi les thématiques transversales abordées figuraient :
– Le devenir sénégalais des étrangers, à travers la naturalisation et les parcours d’intégration.
– Les représentations sociales de l’immigration, souvent influencées par les discours médiatiques ou politiques.


