SENTERMINO : Atelier de production de fiches terminologiques

Un pas décisif vers l’enracinement du bilinguisme scolaire au Sénégal :

L’IFAN a accueilli un atelier national de production terminologique dans le cadre du projet SENTERMINO

Un atelier national de production et de validation de fiches terminologiques s’est tenu les 30 et 31 juillet 2025 à la salle de conférence de l’IFAN Cheikh Anta Diop, dans le cadre du projet SENTERMINO (Sénégal Terminologie). Cet atelier constitue une étape clé dans la mise en œuvre d’un ambitieux projet de recherche-action visant à doter les langues nationales sénégalaises d’outils linguistiques et scientifiques indispensables à l’enseignement et à la recherche.

Un projet au service du bilinguisme éducatif 

Le Sénégal a engagé depuis plusieurs décennies une politique d’éducation bi-plurilingue fondée sur l’introduction progressive des langues nationales comme langues premières d’enseignement (L1). Cette orientation s’est structurée davantage avec l’adoption, depuis 2020, du Modèle Harmonisé de l’Enseignement Bilingue au Sénégal (MOHEBS), destiné à généraliser l’enseignement bilingue à l’échelle nationale.

Cependant, la mise en œuvre de ce modèle nécessite la disponibilité d’un vocabulaire scolaire et scientifique riche, précis et harmonisé dans les langues nationales. C’est pour répondre à ce besoin fondamental que le projet SENTERMINO a été conçu.

SENTERMINO : une banque de données pour valoriser les langues nationales

Porté par l’IFAN Cheikh Anta Diop, en partenariat avec l’École Supérieure Polytechnique (ESP), le Ministère de l’Éducation nationale, l’UNESCO (via son programme CapED) et l’Institut de la Francophonie pour l’Éducation et la Formation (IFEF), SENTERMINO a pour objectif de créer une plateforme numérique centralisée et évolutive regroupant des données terminologiques en wolof, pulaar, seereer – et à terme dans toutes les langues nationales.

Conçu au départ pour soutenir l’enseignement bilingue, SENTERMINO est pensé comme un projet structurant, destiné à s’ouvrir progressivement à d’autres domaines clés de la vie nationale tels que la santé, l’agriculture, la justice, la pêche, l’artisanat, les technologies de l’information, les médias, l’environnement ou encore l’économie sociale et solidaire. L’enrichissement terminologique dans ces secteurs contribuera à faciliter l’accès aux services essentiels, à renforcer les politiques publiques et à promouvoir une communication inclusive et efficace auprès des populations.


À travers cette base de données qui sera accessible en ligne, le projet entend soutenir la production de documents scolaires, parascolaires, scientifiques et techniques dans les langues nationales, tout en contribuant à l’enracinement des savoirs locaux et à leur ouverture au monde et à la science.

Objectifs du projet SENTERMINO

L’objectif principal est de mettre en place une Banque nationale terminologique, pérenne, centralisée et accessible à tous. Ce projet se décline en plusieurs objectifs spécifiques :

1. Identifier et mobiliser les acteurs pertinents.

2. Renforcer les capacités des producteurs de données terminologiques.

3. Concevoir une base de données adaptée aux domaines ciblés.

4. Assurer une production continue et structurée des données.

5. Harmoniser et valider les terminologies.

6. Préparer l’homologation nationale et la certification ISO.

7. Former les utilisateurs à l’exploitation de la base.

8. Publier des ouvrages terminologiques spécialisés.

9. Développer la traductique (traduction assistée par ordinateur) entre langues nationales et étrangères.

L’atelier de juillet : vers des productions harmonisées et validées

L’atelier de production a réuni à l’IFAN les membres des Réseaux thématiques du projet, composés de chercheurs, enseignants-chercheurs, spécialistes des langues, informaticiens et enseignants. Durant deux jours, ils ont travaillé collectivement à l’élaboration, à l’harmonisation et à la validation de fiches terminologiques sous la coordination du Professeur Fary Silate Ka, expert en terminologie.

L’événement a été honoré par la présence de partenaires financiers et techniques : Mme Marème Diallo, coordinatrice du programme CapED de l’UNESCO, et M. Rémy Yaméogo, chargé du programme ELAN à l’IFEF, qui ont participé activement aux échanges et aux travaux.
Les objectifs de cet atelier étaient clairs :
– Examiner et harmoniser les productions déjà amorcées depuis le début du projet ;
– Résoudre les difficultés rencontrées dans les différentes équipes ;
– Produire de nouvelles fiches terminologiques validées, destinées à être intégrées à la future plateforme.

Activités prévues pour 2025-2026

Plusieurs actions sont programmées dans le cadre du projet :
– Élaboration de la méthodologie de travail et cartographie des acteurs ;
– Renforcement des capacités des participants par des formations ;
– Collecte, traitement et validation des données ;
– Archivage numérique et alimentation de la bibliothèque en ligne ;
– Conception, édition et publication de lexiques bilingues spécialisés.

Avec SENTERMINO, le Sénégal pose les fondements d’un outillage linguistique structuré et scientifique en langues nationales, condition indispensable à une éducation inclusive, pertinente et souveraine. Un projet au service du développement, de la justice linguistique et de l’ouverture au monde.

Extrémisme violent en Afrique, l’IFAN et ses partenaires tentent de comprendre les parcours des jeunes.

Le Laboratoire des Études Sociales de l’Institut Fondamental d’Afrique Noire (IFAN UCAD) a accueilli du 21 au 24 Mai, un atelier international sur les tendances actuelles de l’étude biographique des jeunes impliqués dans l’extrémisme violent en Afrique.

Cette rencontre académique tenue sur une semaine a réuni des chercheurs et acteurs de la société civile qui ont mis en lumière une approche inédite dans l’analyse de l’extrémisme violent : celle fondée sur les histoires de vie des jeunes. A l’initiative du programme Point Sud dont l’IFAN est membre, l’atelier a examiné les biographies, identités personnelles, relations sociales et aspirations des jeunes concernés, mettant en lumière l’impact de leur proximité avec les plateformes de socialisation, les acteurs armés et les contextes sociopolitiques.

S’éloignant des perceptions qui associent systématiquement l’extrémisme violent à la religion ou aux groupes islamistes, les échanges ont permis d’aborder les formes de radicalisation sous un angle biographique, afin de mieux comprendre les motivations et dynamiques derrière ces engagement.

L’objectif selon le chef du laboratoire des études sociales de l’IFAN, Dr Mamadou Bodian est de créer une communauté épistémique, un espace de réflexion collective « sur les défis majeurs que traversent nos sociétés, à la croisée de la recherche et de la compréhension contextuelle ».

« À travers les trajectoires individuelles, nous accédons à une compréhension plus fine des motivations personnelles », a-t-il poursuivi. Une manière aussi de sortir des sentiers battus et d’élargir l’analyse à d’autres formes de violence : guérillas locales, violences urbaines ou engagements idéologiques, « tout en gardant les jeunes au centre, comme acteurs à part entière ».

Lancement du Séminaire Pluriannuel du Laboratoire d’Histoire sur les dynamiques contemporaines en Afrique

Le Laboratoire d’histoire de l’IFAN a démarré son séminaire de recherche pluriannuel et interdisciplinaire sur « Afrique, histoire et mutations : comprendre les dynamiques contemporaines du continent ». Coordonné par des chercheurs de ce laboratoire , l’objectif de ce séminaire est d’instituer un cadre d’échanges permettant de comprendre les dynamiques contemporaines en cours en Afrique. À travers une pluralité d’approches et de thématiques centrées sur l’Afrique et à partir d’Afrique, il entend ainsi questionner les débats épistémologiques autour de l’histoire et les autres sciences sociales, tout en gardant à l’esprit les séquences chronologiques et des contextes historiques, afin de saisir les continuités et les ruptures.

La première s’est tenue le mercredi 15 janvier 2025 à la salle de Conseil de l’IFAN-Cheikh Anta Diop. Elle a porté sur une lecture critique de l’ouvrage du Professeur Daha Chérif Bâ, portant sur Les Cultures populaires en Sénégambie. L’exemple des Fulbe (1512-1980), Dakar, L’Harmattan, 2013, 389 p. En présence de l’auteur, les docteurs Saliou Dit Baba Diallo (IFAN-CAD), Amadou Dramé (IFAN-CAD) et Ambroise Djéré Mendy (Département d’Histoire, FLSH). Le Pr Matar Ndiaye, Chef de département des Sciences Humaines de l’IFAN-CAD, a modéré cette séance. Il a salué cette initiative des chercheurs du Laboratoire d’Histoire qui contribue à l’animation et à la vulgarisation des recherches à l’institut. Il a souligné l’engagement du département à accompagner et soutenir les coordonnateurs à une parfaite organisation des séances de ce séminaire.

L’intervention du Dr. Saliou Dit Baba Diallo a porté sur une lecture critique de l’introduction et de la première partie de l’ouvrage. Il a souligné l’originalité de l’étude qui se décline dans l’introduction par la mobilisation d’un appareil conceptuel solide. Il a mentionné que la large bibliographie et les nombreuses sources – écrites et orales – exploitées – quantitativement et qualitativement – ont permis au Pr Daha Chérif Ba d’élaborer une analyse minutieuse et approfondie des cultures populaires fulbee en Sénégambie. Dans la première partie, titré « productions culturelles et scènes folkloriques, sous l’ère Ceddo, 1512-1883 », composé de quatre chapitres, Dr Diallo a montré comment l’auteur analyse avec finesse les profils et les trajectoires de quatre figures de la culture populaire fulbee : le guerrier, le pêcheur, le berger et l’esclave. Dr Diallo a pointé la prise en compte par l’auteur de ces figures sur les dynamiques sociales de la culture au Fouta. Par ailleurs, Dr Diallo a souligné l’absence de la centralité de la figure du griot (une étude systématique) dans cet ouvrage.

Dans sa communication, le Dr Amadou Dramé a centré son commentaire sur la deuxième partie de l’ouvrage qui porte sur : « Sociétés sénégambiennes, islam et production culturelles, 1883-1980 », pp. 175-282. Dramé a montré comment la lecture cette partie du livre permet de saisir l’influence de l’islam dans la mutation de la société futanké. Cette mutation amorcée sous l’époque du règne des Deeyanké (époque prérévolutionnaire) à travers quelques foyers religieux s’est accentuée à partir de 1776 à la suite de la Révolution toroodo. Sous les toroodo, on assista à une multiplication des foyers d’enseignements coraniques dans tout le Fouta. Les maîtres coraniques et autres figures emblématiques musulmanes foutanké ont ainsi joué un rôle déterminant dans la diffusion de l’islam à travers la Sénégambie, notamment dans le Ferlo, le Fouladu par exemple). Amadou Dramé a aussi mentionné comment l’islam a influencé les mutations des acteurs des cultures populaires fulbee. Dans le livre, on aperçoit cette transformation des acteurs par l’incorporation des références et des arts de faire islamiques dans leurs poésies, chants et autres pratiques artistiques populaires.

En référence à ces recherches sur l’histoire des relations internationales par le bas, Dramé a souligné que ce livre lui permet de comprendre la Sénégambie comme un espace d’échange et d’appropriation des pratiques socioreligieuses de différents foyers islamiques. Il trouve ainsi fascinant la manière dont l’auteur à identifier les influences maures et arabo-musulmanes dans les arts de faire des sociétés fuutanké au cours de la période sous étude. Amadou Dramé considère que ces aspects sont à pendre en compte pour une meilleure compréhension de l’histoire des relations internationales de ces sociétés.

La communication de Dr Ambroise Djéré Mendy a porté sur la troisième partie du livre intitulée :« Colonisation, urbanisation et mutations culturelles, 1890-1980 ». Elle est structurée en deux chapitres. Le premier chapitre, « colonisation, urbanisation et folklores islamiques », étudie les mutations des pratiques culturelles promues dans les milieux musulmans. Le deuxième chapitre de cette partie est intitulé « colonisation, urbanisation, fêtes et folklores profanes ». Dr Mendy a souligné que cette partie examine l’évolution du folklore et des pratiques festives des Fulbé de la Sénégambie. Durant une période assez longue marquée par des changements profonds aux plans politique, culturel, social, économique, etc. En choisissant d’étendre ses lieux d’observation de la création et l’expression des acteurs du folklore aux trois aires culturelles du Nord, du Centre et du Sud, rappelle Dr Mendy, l’auteur transcende volontairement les frontières érigées par les puissances coloniales, car celles-ci ne réussirent pas à endiguer les dynamiques et les échanges culturels impulsés à partir du bas.

Réagissant aux trois interventions, le Professeur Bâ a salué l’initiative du Laboratoire d’Histoire et a remercié les organisateurs du séminaire. Il a particulièrement apprécié les débats suscités par cet ouvrage et a conforté certaines observations et analyses faites par les trois communicants. Il a insisté sur l’importance des études scientifiques portées sur l’histoire culturelle face aux défis du temps et surtout dans un monde marqué par de profonds bouleversements liés à la religion, l’urbanisation, la migration, la technologie, la mondialisation, entre autres. Il a apporté des réponses sur certains choix méthodologiques, théoriques et épistémologiques dans la rédaction de son ouvrage. Le Pr Ba a fait état de sa parfaite maitrise de la société Fulbé et sa fine connaissance du terrain sénégambien.

Les interventions du public ont été particulièrement pertinentes. Les intervenants ont magnifié cette rencontre et l’intérêt pour les chercheurs à échanger avec les collègues et les étudiants sur les résultats de leurs recherches. L’intérêt du champ de l’Histoire culturelle dans l’historiographie africaine en général et dans l’École de Dakar en particulier a été unanimement souligné par le public. En cela le Livre du Pr Bâ est une contribution scientifique majeure.

Dr Saliou Dit Baba Diallo (Laboratoire d’Histoire, IFAN-CAD)

Dr Amadou Dramé (Laboratoire d’Histoire, IFAN-CAD)

Dr Ambroise Djéré Mendy (UCAD)

cycle de séminaires mensuels sur le thème : « Transformations et Résistances en Afrique »

L’Institut Fondamental d’Afrique Noire (IFAN) de l’UCAD, en collaboration avec l’Institut de Recherche pour le Développement (IRD), organise un cycle de séminaires mensuels sur le thème : « Transformations et Résistances en Afrique ».
La séance se déroulera en présence du Dr Sidy Cissokho, chercheur au CNRS, sur « Quand on vient pleurnicher devant le chef : écrire, remettre et recevoir les  » cahiers de doléances au Sénégal (1980 – 2022) ».
Dr Sidy Cissokho est sociologue, chargé de recherche au CNRS, au sein du laboratoire Clersé à l’Université de Lille. Après une thèse sur le monde du transport au Sénégal, ses recherches ont porté sur la mise sur agenda des politiques de « corridors de transport » en Afrique subsaharienne. Il a publié ses travaux dans diverses revues parmi lesquelles la Revue française de science politique,Politique africainePolitixCahiers d’études africaines ou encore Critique internationale. Son premier ouvrage reprenant ses travaux de thèse est paru en 2022 : Le transport a le dos largeLes gares routières, les chauffeurs et l’État au Sénégal (1968 -2014), Éditions EHESS, Paris, 278 p. 

Pour rappel, le séminaire « Transformations et Résistances en Afrique » est organisé conjointement par des chercheurs de l’IFAN, de l’IRD et du CNRS. Il accueille tous les premiers lundis du mois des présentations portant sur les transformations sociales, culturelles et politiques en cours dans la région du Sahel. 

La prochaine séance aura lieu le lundi 6 février 2022 de 10h à 12h à la salle du Conseil de l’IFAN et en ligne à partir du lien suivant :  

https://univ-lille-fr.zoom.us/j/93412632395?pwd=bjF1UE8wbFpUY0FFV25JcUFlZjdRUT09

Pour rappel, le séminaire « Transformations et Résistances en Afrique » est organisé conjointement par des chercheurs de l’IFAN, de l’IRD et du CNRS. Il accueille tous les premiers lundis du mois des présentations portant sur les transformations sociales, culturelles et politiques en cours dans la région du Sahel. 

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