Symposium écolinguistique : Les enjeux écologiques sous le prisme des sciences humaines et sociales

Le laboratoire  des sciences sociales de l’IFAN organise un symposium placé sous le thème de ” la recherche écolinguistique au Sénégal: état des lieux et perspectives “. L’événement est prévu le mercredi 01 février 2023 à la Salle du Conseil de l’IFAN Ch. A. DIOP de 8h30 à 18h00.  

L’argumentaire part du constat qu’à l’exception notable de la géographie, les autres disciplines des sciences humaines et sociales, ont trop longtemps déserté la recherche sur les problématiques écologiques au profit quasi-exclusif des sciences naturelles. Du fait du déficit de production de savoirs sur l’environnement, par les sciences humaines et sociales, on ne connait pas suffisamment les représentations, les perceptions et les imaginaires socio-écologiques des populations sénégalaises. Or, de telles connaissances pourraient être décisives dans le cadre de la lutte contre les effets du changement climatique et les effets retors qui découlent de l’exploitation minière, de la surconsommation d’énergies, de la pollution des eaux, de la production agricole intensive, de la désertification et de la déforestation, de l’urbanisation non planifiée, de l’industrialisation accélérée, etc.

Ce symposium vise à accroitre les savoirs sur la problématique des urgences environnementales à partir d’une approche écolinguistique. Il traite en effet des problématiques environnementales à travers le langage, les langues, les discours et les mots. Par exemple, la mesure des incidences écologiques de certains discours économiques a été une préoccupation constante du domaine depuis les travaux de Halliday (ibid.). L’écologie linguistique s’attache également à examiner les langues et les communautés linguistiques comme étant des observables comparables aux espèces biologiques. En somme, elle a associé biodiversité et diversité linguistique et elle a considéré aussi le rôle joué par les langues, et le langage de manière générale, dans la cohabitation des humains entre eux, dans la cohabitation entre les humains et les autres vivants, et enfin entre eux et les non-vivants.

Au demeurant, l’écolinguistique attache du prix à la préservation et à la valorisation des langues en danger et elle accorde un intérêt particulier à la problématique des droits des communautés locales ainsi qu’à la problématique des injustices environnementales et sociales qu’elles subissent de la part d’institutions étatiques, de multinationales, etc. Si le courant écolinguistique est généralement envisagé comme faisant partie de la sociolinguistique, il n’en demeure pas moins que ses théories et méthodologies lui viennent également des humanités environnementales, de la pensée critique, de la pensée postcoloniale/décoloniale, mais aussi de l’anthropologie, de la communication, de la sémiotique et de la philosophie. Le courant écolinguistique tarde à faire l’objet d’une véritable réappropriation par le milieu académique, au Sénégal. Il ne fait pas l’objet d’un enseignement, il n’y a pas pratiquement pas de projet de recherche sur ce domaine et jusqu’ici, aucune rencontre scientifique de type symposium, colloque, journée d’étude axée sur l’écolinguistique n’a été organisée. Cette situation ne semble d’ailleurs pas spécifique au Sénégal, le courant écolinguistqiue n’est jusqu’ici véritablement investi par la recherche académique que dans les pays africains anglophones (Nigéria, Afrique du Sud, Kenya…).

Le présent projet de symposium se veut une plateforme de lancement du courant écolinguistique dans le milieu académique sénégalais. Le symposium rassemblera des linguistes et des sociolinguistes mais aussi des chercheurs des sciences humaines et sociales et d’autre part des chercheurs des sciences de la nature. Les participants de ce symposium plancheront :a) sur les épistémologies, les théories, les méthodologies, etc. relevant de l’écolinguistique,b) sur de nouveaux chantiers de recherche relatifs aux urgences environnementales,c) sur la manière de forger une expertise sur les représentations, les perceptions et les imaginaires socio-écologiques des communautés,d) sur la manière d’intégrer l’écolinguistique dans les curricula des universités sénégalaises.