L’ambassadeur de Cuba découvre les richesses patrimoniales de l’IFAN

La visite de Son Excellence Sosa Hilton, ambassadeur de Cuba, à l’IFAN, a été riche en échanges. Selon le directeur de l’IFAN, Pr Abdoulaye Baila Ndiaye, et l’ambassadeur du Cuba, cette visite ouvre la voie à une bonne collaboration. 

La visite a débuté au musée Théodore Monod d’art africain. Le conservateur, Dr El Hadj Malick Ndiaye, a présenté l’historique du musée, qui était autrefois le palais  du commandant de la circonscription de Dakar, ensuite siège de l’administration de l’Afrique Occidentale Française, avant d’être affecté à l’IFAN. Conçu dans un style soudano-sahélien, le musée abrite des collections d’art, d’ethnographie, d’archéologie et de botanique. Il abrite aussi des archives et des collections patrimoniales.

Selon le conservateur,  la recherche contribue à enrichir les connaissances sur les objets exposés et à améliorer l’expérience des visiteurs. Elle permet également de valoriser les collections par l’exploration de thématiques de recherche liées aux musées. 

La visite s’est ensuite poursuivie au laboratoire de Traitement des Eaux usées. Ce laboratoire est reconnu pour son expertise dans la gestion durable des eaux, notamment le recyclage des eaux usées pour arroser les jardins afin de favoriser une économie circulaire. Dr Nouhou Diaby, chef du laboratoire, a ainsi présenté les recherches du laboratoire et  le  plateau technique. Ce dernier est composé de deux salles équipées pour les analyses microbiologiques (bactériologie et parasitologie) et physico-chimiques, d’une station pilote de traitement des eaux usées et d’une station météo.

L’ambassadeur a par ailleurs  visité les services des archives, des Publications et de la Documentation de l’IFAN où est conservé un riche patrimoine culturel, scientifique et historique. L’ambassadeur en a profité  pour offrir un livre sur l’histoire de Cuba à la bibliothèque de l’IFAN pour symboliser le début d’une collaboration concrète.

Les collections du département de biologie animale ont également attiré l’attention de Mme Hilton. La collection du laboratoire des Invertébrés terrestres est  par exemple riche de plus de 400 000 échantillons et plus de 10 000 espèces d’insectes provenant d’échanges et de récoltes effectuées dans plus de 30 pays d’Afrique depuis 1939. Celle des Vertébrés terrestres comprend des reptiles, des oiseaux, des mammifères et 4 500 poissons d’eau douce et saumâtre. Le laboratoire de biologie marine comprend quant à lui des poissons, des mollusques, des crustacés, des mammifères marins et des tortues marines. Ces collections sont importantes pour documenter la biodiversité.

La visite s’est  enfin terminée au laboratoire de préhistoire qui garde des échantillons d’archéologie très précieux.

Conférence de l’Université d’été IRD- IFAN- UQUAM: ‘’Balade historique sur femmes et Islam ‘’

L’Institut fondamental d’Afrique noire (IFAN Ch A DIOP) a accueilli la conférence d’ouverture de l’école d’été RIMA, portant sur le thème “De la réflexion sur les femmes et l’islam à la revendication de la citoyenneté”. La conférence a été animée par Pr Penda Mbow, historienne et militante des droits des femmes, et les propos ont été discutés par Dr Sadio Ba Nging, sociologue à l’Université Gaston Berger de Saint-Louis. Selon  Dr Gning, cette  conférence est “une ballade scientifique et historique”. L’historienne est revenue sur l’histoire des luttes féminines en Afrique de l’Ouest et au Maghreb pour leurs droits et leur citoyenneté, en s’appuyant sur les normes et textes de  l’Islam. La conférencière a ainsi abordé la question de l’ijtihaad1 des femmes en islam. 

Des thèmes plus controversés tels que la polygamie et le port du voile ont également suscité des débats avec les doctorants sélectionnés dans le cadre de cette école d’été. Plaidant pour une meilleure présence des femmes pour relever le défi du développement, Penda Mbow recommande aux femmes de s’orienter dans la voie du savoir et de participer aux débats citoyens.

Cette conférence a lancé l’école d’été organisée l’ANR RIMA portée par l’Institut de Recherche pour le Développement (IRD) en partenariat avec l’IFAN et l’Université du Québec à Montréal (UQAM). L’objectif de cette formation destinée à une dizaine de doctorants des universités sénégalaises est de comprendre les logiques de discriminations et d’inégalités de genre, ainsi que les luttes engagées par les femmes dans des contextes sociaux différents dans l’espace Maghreb/Afrique de l’Ouest islamisé. La formation de deux semaines est assurée par  Pr Fabienne Samson (IRD),  Pr Nathalie Leblanc (Université du Québec), Dr Saliou Ngom, Dr Cheikh Abdoulaye Niang, Dr Fatou Bintou Dial et des plusieurs autres chercheurs de l’ANR RIMA.

Le directeur de l’IFAN,  Pr Abdoulaye Baila Ndiaye, a salué l’initiative qui permet une meilleure “compréhension des mécanismes par lesquels les femmes font face aux discriminations politiques, économiques et religieuses” qu’elles subissent.


 

1 : Effort de réinterprétation des textes islamiques

Conférence d’ouverture école d’été IFAN IRD UQAM

L’IFAN, l’IRD et l’UQAM vous invitent à la conférence d’ouverture de l’école d’été de l’ANR RIMA. Placée sous le thème « De la réflexion sur les femmes et l’Islam à la revendication de la citoyenneté », la conférence est prévue mardi 11 juillet à 9h30 au Musée Theodore Monod de l’IFAN (place Soweto, à côté de l’Assemblée Nationale). Elle sera traitée par  Pr Penda MBOW , historienne.

L’école d’été RIMA ARN se tient du 11 au 22 juillet 2023 à l’UCAD.  Vous avez l ‘affiche en fichier joint.

Vous pouvez  également suivre la conférence à travers ce lien:

https://ird-fr.zoom.us/j/92090867021?pwd=YTMweGo1UzdSRlc5akVKNGROR05HUT09  

ID de réunion : 920 9086 7021 

Code secret : 240813 

Le ministre de la pêche évoque des possibilités de collaboration avec le laboratoire de biologie marine de l’IFAN

Selon le ministre de la pêche et de l’économie maritime, l’expertise universitaire n’est pas suffisamment utilisée par le gouvernement. Pape Sagna Mbaye a rajouté qu’il est important de prendre un avis scientifique avant de prendre toute décision qui pourrait impacter des milliers de vies. 

Le ministre de la Pêche a ainsi évoqué la possibilité d’une collaboration entre son ministère et le laboratoire de biologie marine de l’Institut fondamental d’Afrique noire (IFAN) de l’université Cheikh Anta Diop. Il a déclaré que son ministère n’hésiterait pas à signer des conventions avec l’IFAN pour les aider dans certains travaux qui doivent aboutir à des décisions où l’élément scientifique serait important. 

« Je n’hésiterai pas à me tourner vers vous si le Sénégal doit être représenté dans des évènements internationaux nécessitant la présence d’experts »,a-t-il dit au directeur de l’IFAN, Pr Abdoulaye Baila Ndiaye.  

 Professeur Khady Diouf Goudiaby, responsable du laboratoire de biologie marine de l’IFAN, a également exprimé son intérêt pour une telle collaboration. Elle a expliqué que leur budget à l’université est limité et qu’une collaboration avec le ministère pourrait les aider à acquérir des équipements scientifiques pour renforcer les activités du laboratoire. 

Pr Khady Diouf a en profité pour présenter les recherches qui se font au niveau du laboratoire de biologie marine de l’IFAN. La visite de Pape Sagna Mbaye a permis des discussions sur l’importance de la recherche dans la gestion des pêcheries et l’identification de voies de partenariat pour des décisions éclairées dans la gestion des ressources halieutiques du Sénégal. L’équipe du laboratoire travaille à fournir les données biologiques nécessaires à la   

gestion des populations naturelles de poissons. Ses missions comprennent la recherche, la formation et l’expertise. 

 Le directeur de l’IFAN, Pr Abdoulaye Baila Ndiaye, a également indiqué que des chercheurs de l’IFAN spécialisés en anthropologie et en sociologie mènent des recherches sur l’utilisation des ressources halieutiques par les populations. Ces données seront précieuses pour contribuer à la gestion durable des ressources halieutiques du Sénégal. 

L’IFAN accueille une conférence sur « islam, politique et vivre ensemble »

« Islam, politique et vivre ensemble », un  thème d’actualité traité par le président du CUDIS (Cadre Unitaire de l’Islam au Sénégal) , une organisation qui peut se prévaloir d’un long compagnonnage avec l’IFAN Cheikh Anta Diop. Des universitaires, des représentants des différentes branches de l’islam au Sénégal ont pris part à cette rencontre organisée par le laboratoire d’islamologie de l’IFAN. Le conférencier Cheikh Tidiane Sy a traité le thème  en partant de l’histoire de la présence de l’islam, religion majoritaire au Sénégal avec environ 95% de la population qui se réclame de cette foi. L’islam sénégalais est caractérisé  par la présence de plusieurs confréries soufies, qui jouent un rôle important dans la vie sociale, culturelle et politique du pays. Il est marqué également par une tradition de tolérance et de dialogue avec les autres religions, notamment le christianisme. 

Après avoir abordé la genèse de l’islam, le conférencier a évoqué les rapports entre les guides religieux et les politiques qui ont toujours entretenu des rapports étroits, depuis l’époque coloniale jusqu’à nos jours, même si des phases tumultueuses ont été notées avec l’arrivée de certains leaders religieux dans le champ politique, notamment, Cheikh Tidiane Sy, guide religieux et chef du Parti de la Solidarité Sénégalaise (PSS). 

Les leaders religieux ont souvent influencé les choix politiques des citoyens, en soutenant ou en critiquant les différents régimes qui se sont succédé à la tête de l’Etat. Les partis politiques ont également cherché à se rapprocher des confréries soufies, pour bénéficier de leur légitimité et de leur popularité.

L’Etat, pour sa part, cloisonne les religieux dans un domaine purement spirituel même s’il n’hésite pas à les consulter pour résoudre les problèmes sociaux et politiques du pays. 

Il y a là réfléchir sur le statut des chefs religieux au Sénégal selon le président du CUDIS .Monsieur Sy de s’interroger également sur la complexité de l’arrivée des religieux dans le champ politique alors qu’ils sont plus attendus  dans le domaine de la médiation sociale et politique.

La conférence a été suivie de débats et discussions et d’une  remise d’un tableau de l’artiste Kalidou kassé dans le cadre du projet  « une œuvre pour la recherche » dont  l’objectif est d’amener les bonnes volontés à soutenir la recherche à l’IFAN.

Le directeur de l’IFAN, Pr Abdoulaye Baila Ndiaye  a, pour sa part,  magnifié le geste de président du CUDIS et salué la portée de cette conférence qui  cadre avec  ses missions d’animation culturelle et scientifique.

Journée internationale des musées : Focus sur le musée historique de Gorée

La journée internationale des musées a été célébrée ieudi 18 mai . L’occasion de vous faire découvrir le musée historique de Gorée de l’IFAN Ch. A Diop. On y découvre des cartes , des objets et des pièces retraçant toute l’histoire du Sénégal et de l’île de Gorée.

Le Musée historique, situé sur l’Île de Gorée, lieu de mémoire et patrimoine de l’humanité,  est un musée universitaire d’histoire rattaché à l’IFAN Cheikh Anta Diop.  Il a été créé pendant l’époque coloniale, précisément en juin 1954, par l’Institut Français d’Afrique Noire, devenu plus tard Institut Fondamental d’Afrique Noire (IFAN) pour présenter l’histoire des territoires de l’AOF (Afrique Occidentale Française). À la suite de son transfert de la Maison Victoria Albis à l’ancienne prison du Fort d’Estrées, en mars 1989, le Musée a changé de statut et a désormais pour objectif de présenter l’histoire du Sénégal de la préhistoire à nos jours et celle de l’Afrique en générale. L’aménagement muséographique  du Fort a été fait par le chercheur anthropologue belge Guy Thilmans après le départ des prisonniers en 1977. Le Musée constitue une ressource patrimoniale considérable qui retrace l’histoire de l’Île de Gorée, de la traite négrière, des royaumes de la Sénégambie et de l’Islam au Sénégal entre autres. Ce lieu empreint d’histoire dispose aussi d’une collection archéologique composée d’objets préhistoriques, protohistoriques et historiques.

Ainsi, le musée comporte douze (12) salles thématiques abritant chacune une exposition permanente sur : l’Île de Gorée, le Paléolithique, le Néolithique, les amas coquilliers, les sites de la vallée du Fleuve Sénégal, le Mégalithisme, les Royaumes du Sénégal avant la colonisation, les différentes formes de Résistances, la Traite négrière, la présence européenne au Sénégal avant l’Indépendance et l’histoire de l’Islam  au Sénégal.

Le musée a des missions d’étude, d’exposition et de transmission d’un patrimoine pour le développement de la société. Il s’adresse en particulier à un public scolaire et universitaire à la recherche de supports didactiques, aux touristes de passage à Gorée et au grand public en général. Il est à l’écoute des attentes de la population pour diversifier ses activités et renouveler son offre en permanence. Il a produit des documents pédagogiques, scientifiques, culturels adaptés aux thèmes de ses expositions, parmi lesquels Gorée, Guide de l’île et du musée historique et Histoire de Gorée. Sous l’impulsion de l’Association des Amis du Musée, d’importants documents sur la Traite Atlantique ont été produits et sont vendus à la Boutique du Musée.

Ainsi le musée historique se propose de contribuer à l’éveil d’une conscience nationale, aider la communauté à prendre conscience de la valeur de son patrimoine culturel historique et à le respecter. Il est le lieu idéal pour promouvoir une prise de conscience de la valeur des biens naturels, culturels de l’humanité, grâce à l’étude et à la sauvegarde du patrimoine matériel et immatériel et à la possibilité d’instruire le public.

Dans les années à venir, le musée compte s’ouvrir aux diasporas africaine, américaine, et européenne pour qu’ensemble nous revisitions notre histoire commune et envisager l’avenir. C’est le projet « porte du retour » que le musée entend promouvoir dans le but de réconcilier la terre mère africaine avec ses fils et ses filles disséminés à travers le monde. Cette nouvelle mission passera non seulement par l’élargissement des espaces réservées à l’Île de Gorée et son histoire avant l’esclavage et à la Traite Atlantique, mais aussi par l’organisation de voyages touristiques pour les populations de la diaspora, surtout les africains-américains à la recherche de leur identité perdue.

Le nouveau conservateur du Musée historique, Dr. Mamarame Seck, est un linguiste, analyste du discours, reconverti en muséologue par le truchement de son double intérêt pour la collecte d’objets matériels et immatériels sur l’histoire et la culture sénégalaises et le discours sur la Traite Négrière et les esclaves musulmans aux États-Unis. En effet, Dr. Seck travaille depuis quelques temps sur le narratif engendré par la découverte et la publication en 1995 du manuscrit de l’esclave musulman Omar Ibn Said, originaire du Fouta, et l’intérêt qu’il a suscité aux États-Unis et dans les cercles intellectuels en général. Dr. Seck est en train de traduire en français, pulaar et wolof cette autobiographie unique écrit en Ajami par Omar Ibn Saïd en 1831.

En outre Dr. Seck est membre du projet Retours portant sur le retour des objets matériels et immatériels détenus dans les musées occidentales, y compris aux États-Unis.

Le musée Monod dans le top 50 des meilleures destinations au monde

Le musée Théodore Monod de l’IFAN a été classé parmi les 50 meilleures destinations à visiter en 2023. Grâce à une collaboration avec la maison de couture 2M, le musée accueille plusieurs  expositions qui mettent en exergue  la collaboration créative entre la maison d’art Channel et des artistes sénégalais. Une consécration pour le musée Théodore Monod,  vitrine culturelle de l’université Cheikh Anta Diop. 

Gratuite et ouverte à tous, la Galerie du 19M Dakar célèbre la richesse et la diversité des métiers de la broderie et du tissage. Intitulée Sur le fil, sa programmation tisse le fil d’un récit qui croise ces deux artisanats à d’autres disciplines artistiques comme la peinture, la photographie ou l’installation, et fait rayonner la richesse créative du Sénégal et les valeurs humanistes de son artisanat d’art. Entre création contemporaine et savoir-faire traditionnel, elle est composée d’une exposition collective, d’un programme de discussions, d’évènements et d’ateliers participatifs.

Dans l’exposition, les œuvres et installations de tous médiums réalisées par de nombreux artistes contemporains travaillant sur le textile, certains avec des Maisons d’art du 19M, sont présentées en dialogue avec des œuvres anciennes issues des collections du Musée Théodore Monod d’art africain. En parallèle, des dizaines d’artisans d’art produisent des œuvres inédites in situ, sous les yeux du public, et animent des ateliers participatifs menés par des artistes invités en résidence. Dr El Hadi Malick Ndiaye, conservateur du musée Théodore Monod et Olivia Marsaud assurent la curation de cette exposition qui compte également dans le comité artistique, le programmateur Riad Fakhri, la créatrice de mode et cinéaste Selly Raby Kane, la graphiste Audrey d’Erneville, le designer Bibi Seck et l’architecte Mamy Tall.

Journée d’étude : Archives de l’oralité et oralité des archives

Appel à contributions

Journée d’étude : Archives de l’oralité et oralité des archives

4 Octobre 2023

Argumentaire

« Réduite à une mise en textes dans le cadre strict de la production du savoir européen, l’oralité se voit donc expurgée, d’une part, de la grande vivacité des performances improvisées (…) et d’autre part des pratiques d’écriture vivantes, notamment en écriture arabe ou locale » (Canut, 2021, p. 193).

L’archive comme d’un espace matériel qui dérive de l’enchevêtrement de bâtiments et de documents. Le statut matériel et l’idée totalisante de l’archive sont directement liés aux formes de production du savoir issues du monde occidental. En particulier : les sources écrites, les systèmes d’organisation, et la situation des uns et des autres à l’intérieur d’architectures ad-hoc. Comprenant l’archive comme un exercice de discrimination et de sélection, il légitime un statut pour certains objets et le refuse à d’autres – ceux qui sont « non archivables ». Si l’histoire occidentale est incontestablement hégémonique et dominante, d’autres formes de savoir – et d’autres formes d’archivage – peuvent et doivent être valorisées. Dans le contexte sénégalais, le patrimoine oral a souvent été archivé comme un monument/document écrit : enregistré, transcrit, traduit. Cette approche à l’égard de la culture orale porte atteinte à certains des principes majeurs de la littérature et de l’histoire orales : leur variabilité, leur flexibilité ainsi que leur caractère modifiable, changeant d’un « conteur » à l’autre. Une telle approche limite le patrimoine oral à sa compréhension en tant que texte écrit tout en excluant les propriétés de la parole et de la communication orale, ainsi que la dimension sonore et performative. Au demeurant, Cécile Canut ne dit pas autre chose lorsqu’elle rappelle que « L’écriture produit à la fois l’histoire et la forme de l’histoire, la pensée et la forme de la pensée. Ainsi dépossédée, les peuples africains sont assignés à l’ordre de l’homogène : l’oralité pourtant composée de variations, de fluctuations des versions, de transformations, est formatée en fonction des conditions sociales de production de la recherche française. Cette dépossession conduit par conséquent à réduire la littérature orale à un folklore en effaçant le rôle de la performance qui constitue le coeur des pratiques de l’oralité » (2021, p.192). Dans son ouvrage, Mamoussé Diagne parle de la « stabilité » des sources orales et écrites (2005). Toutes deux sont garanties par la répétition. Dans le cas des sources écrites, il s’agit de la reproduction exacte. Dans le cas des textes oraux, la stabilité est garantie par la répétition avec variance. Ces nuances permettent de souligner les différences dans la base épistémique de la production de la connaissance orale et écrite.

Cette journée d’étude qui réunira linguistes, historiens, philosophes, oralistes, archivistes, ainsique des artistes, vise à discuter des différentes approches épistémologiques, méthodologiques et conceptuelles de l’étude des archives orales dans le contexte ouest-africain et sénégalais. La perspective choisie cherche à démythifier l’autorité talismanique de l’écriture (Karin Barber : 1995) et elle cherche à se départir de la vision manichéenne qui a trop longtemps prévalu en opposant « civilisation à tradition écrite » et « civilisation à tradition orale » (Jacques Goody : 1979). Elle entend défaire les représentations qui ont longtemps perçu l’écriture comme le seulmoyen valable de mémorisation et de cumulation du savoir et in fine de progrès (Mamoussé Diagne : ibid.). Les communicants élaboreront leurs contributions en exploitant nécessairement des documents (audios et vidéos) qui ont la matérialité de manuscrits, de récits, de contes, de proverbes, de poèmes, de chants, etc. en proposant des discussions et réflexions autour de la production de connaissances sur l’oralité dans le contexte ouest-africain. La journée d’étude est conçue comme un séminaire avec des présentations et des discussions ouvertes. Chaque présentation de 20 minutes disposera de 30 minutes supplémentaires pour les discussions, les commentaires et les réactions des participants.

Les communications pourraient être inscrites dans un des axes suivants :

  • L’archive orale comme matériau spécifique : depuis le tournant du siècle, les évolutions relatives au développement du numérique, ont offert de nouvelles possibilités d’enregistrement, de numérisation, de stockage, d’archivage, etc. qui interrogent à nouveaux frais la double problématique de l’archive en rapport avec l’oralité et de l’oralité en rapport avec l’archive. Quelles sont les caractéristiques d’une archive orale ? Quelles sont les conditions de production qui la constitue comme telle ? Qui parle dans ces archives, de quoi, comment en parle-t-il ? Il s’agit ici en somme de procéder à une archéologie de l’objet « archive orale » qui mette au jour les procédures qui ont conduit à sa sélection, à son élaboration, à sa circulation et enfin à sa réappropriation historienne.
  • L’oralité de l’archive : la performance orale est caractérisée par le procédé de dramatisation et de recours à l’image, comme théorisé par Diagne (ibid.). Comment l’archive orale dépasse la bande-son pour une matérialité plus globale faite de littérature orale ? Quelles stratégies sont utilisées dans la performance pour transmettre et mémoriser mieux les textes ? Comment l’oralité de l’archive est épurée de la parole vivante et moulée dans des modèles figés qui lui font perdre sa force de parole vivante ?
  • La problématique méthodologique : comment travailler sur de l’archive orale, comment archiver l’oralité ? Quelles sont les méthodes utilisées par les chercheurs, artistes, communautés ? Comment repenser l’oralité et l’archive ? Comment se conformer aux obligations éthiques relatives à l’accès aux sources et ressources orales, notamment au consentement et à la propriété intellectuelle ? Par ailleurs, l’on sait que la question de la propriété de l’auteur dans la tradition orale diverge des sociétés scripturaires ; ce qui conduit à penser les droits de la communauté par rapport aux droits individuels pour la production de connaissances.
  • La question patrimoniale : comment l’archive et l’oralité sont exploitées dans les collections muséales et les manifestations culturelles ? Comment font-elles l’objet d’une (ré) appropriation culturelle ?
  • L’anthropologie du langage : comment l’oralité est-elle appréhendée d’un point de vue anthropologique ? Quels types de significations produit-elle ? Comment rendre compte de la matérialité langagière, qui suppose de ne pas s’en tenir à la production d’un sens référentiel supposé fixe mais à un ensemble d’indexicalités qui constituent un processus de significations contextuelles ? Quel (s) rôle (s) et place (s) des langues nationales dans les archives écrites ?

Bibliographie

Barber, K. (2018). A History of African Popular Culture (New Approaches to African History).

Cambridge: Cambridge University Press. doi:10.1017/9781139061766

Canut C. (2021), Provincialiser la langue: langage et colonialisme. Éditions Amsterdam

Diagne M. (2005), Critique de la raison orale. Les pratiques discursives en Afrique noire.

Paris, Karthala.

Goody J. (1979), La Raison graphique. La domestication de la pensée sauvage. Traduit de

l’anglais et présenté par Jean Bazin et Alban Bensa. Les Éditions de Minuit.

Mbembe, A. (2002). The Power of the Archive and its Limits. In: Hamilton, C., Harris, V.,

Taylor, J., Pickover, M., Reid, G., Saleh, R. (eds) Refiguring the Archive. Springer,

Dordrecht. https://doi.org/10.1007/978-94-010-0570-8_2

Comité scientifique

Pr. Ibrahima Thioub (UCAD)

Pr. Felwine Sarr (Duke University)

Pr. Amade Faye (IFAN Ch. A. Diop)

Pr. Ibrahima Thiaw (IFAN Ch. A. Diop)

Pr. Ibrahima Wane (UCAD)

Pr. Abdoulaye Keita (IFAN Ch. A. Diop)

Pr. Idrissa Ba (UCAD)

Pr. Babacar Mbaye Diop (UCAD)

Pr. Pape Massène Sène (IFAN Ch. A. Diop)

Pr. Adrien Ndiouga Benga (UCAD)

Pr. Mouhamed Abdallah Ly (IFAN Ch. A. Diop)

Comité d’organisation

Pr. Mouhamed Abdallah Ly (IFAN Ch. A. Diop)

Dr. Katia Golovko (chercheur indépendante)

Dr. Mamadou Bodian (IFAN Ch. A. Diop)

Youssou Touré (URICA-ETHOS-IFAN)

Soumission des propositions de communication

Les contributeurs feront parvenir leurs propositions à l’adresse suivante :

archivorales@gmail.com

Calendrier

12 avril 2023 : publication de l’appel à contributions

15 mai 2023 : date butoir de réception des propositions de communication.

30 mai 2023 : réponses d’acceptation/refus envoyées aux contributeurs.

Protocole de rédaction des propositions de communication

Les résumés devront être envoyés sous format Word. Leur longueur maximale est de 15 lignes

accompagnées de 5 mots-clés.

Colloque International de Linguistique de Dakar – Edition 2023

INVITATION CILDAK

Les linguistes de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar ont l’honneur de vous inviter au Colloque International de Linguistique de Dakar qui se tiendra du 16 au 18 mars 2023 sur le thème :

La description des langues en Afrique : entre données et théories

Nous vous prions de bien vouloir honorer de votre présence la cérémonie d’ouverture qui se tiendra lors de la journée pré-colloque,
le mercredi 15 mars 2023 de 16h à 18h
à la salle de conférence de l’UCAD II.

Rencontre avec Pr Michel Brunet

La direction de l’IFAN vous convie à la rencontre avec  Pr Michel Brunet , titulaire de la chaire de paléoanthropologie du collège de France de  2007 à 2011.  L’évènement est prévu le jeudi 23 Février, à 10 heures à la salle du  conseil de l’Institut. Pr Brunet est né  le 6 avril 1940 à Magné (Vienne, France). Spécialiste de l’évolution des mammifères,  il est à l’origine de découvertes archéologiques majeures, notamment le premier Australopithèque connu à l’ouest du grand rift africain, dit Abel, daté de 3,5 millions d’années, et du plus ancien Hominidé connu à ce jour, Toumaï, daté de 7 millions d’années.

Longtemps professeur à l’université de Poitiers, Michel Brunet a conduit sur le terrain, en Asie et en Afrique, de très nombreuses prospections géologiques et fouilles paléontologiques. Nommé Professeur du Collège de France en 2007 sur la chaire Paléontologie humaine, il poursuit aujourd’hui ses recherches sur le terrain au Tchad, en Libye et en Égypte, zone géographique intermédiaire entre l’Ouest et l’Est, afin d’élucider les relations complexes qui existaient entre les populations d’hominidés de ces grands domaines géographiques africains